“Escape from tomorrow” : le plaisir des contraintes
Avec “Escape from tomorrow“, le réalisateur américain Randy Moore a imaginé un film où les contraintes étaient omniprésentes. L’idée de base est audacieuse : tournée un long métrage dans le Walt Disney World Ressort – un film d’horreur qui plus est – sans avoir reçu les autorisations du parc de Blanche-Neige, Mickey et autres Peter Pan !
Imaginez la réalisation d’un film qui raconte la dernière journée d’une famille américaine chez Disney sans autorisation : évidemment il est hors de question d’utiliser le matériel indispensable au tournage d’un film :
– pas de caméras professionnelles évidemment
– pas de micros
– pas d’équipe prolifique
– pas de scénarios en main
– pas de vestiaire, ni de salon des acteurs
– pas, pas, pas.
Le film a été tourné avec deux appareils CANON EOS, l’un EOS 5D, l’autre EOS 1D, en mode mono-chrome. Pour le son, chaque acteur était équipé d’un stylo-enregistreur caché dans sa poche. La critique américaine n’hésite pas à parler de “the ultimate guerrilla filmaking technique”. Elle met en avant que non seulement un tel film est impossible, mais en plus il est fantastique. “It is not possible that this film exists ! » se dit-il.Au festival de Sundance, le film a été introduit en étant caractérisé de « wildly imaginative », – sauvagement imaginatif !
Le financement du film ? Moins d’un million de dollars provenant de … l’héritage des grands-parents de Randy Moore !
« Escape from tomorrow » est un bel exemple du pouvoir de la contrainte. C’est la contrainte qui pousse le créateur dans ses derniers retranchements, c’est elle qui le pousse à imaginer ce que personne n’avait jamais osé.
P.S. : Et comment réagissent les Studios Disney ? No comment ! Pourtant ses droits intellectuels ont été bafoués. Il se dit que Donald Duck, Pinocchio et Cendrillon ne souhaitent pas ajouter du buzz au buzz …
Le site officiel du film affiche un compteur depuis son lancement : il y a, à cet instant précis, 5 semaines, 12 heures, 8 minutes et 53 secondes que le film n’a pas (encore) été attaqué en justice par Disney.