Excentricité et créativité
Qu’est-ce qu’un excentrique ? Est-ce synonyme de "créatif" ou d’"original"" ? Ou d’"extravagant" ?
Les cinq ingrédients de l’excentricité me semblent être :
– un décalage par rapport à la norme dominante
– une extravagance assumée et fière de sa déraison calculée
– un art de la mise en scène de soi et/ou de son oeuvre
– un talent certain
– une continuité dans le temps dans un renouvellement permanent
Ainsi, Salvadore Dali (1904-1909) me semble être une icône de l’excentricité. Décalage par rapport à la rigoureuse société espagnole de son temps et par rapport aux canons de l’art contemporain, starisation mondiale avant l’heure de la globalisation, mise en scène permanente, auto proclamation outrancière de son propre génie et réinvention dans la durée incontestable tout au long de ce XXème siècle, siècle qu’il a traversé avec ses moustaches malicieuses.
Aujourd’hui Richard Branson me semble bien remplir ces critères-là.
Amélie Nothomb semble être une excentrique mécanique, tandis que Benoît Poelvoorde se taille une carrière de tendre excentrique.
Dans l’Angleterre du XIXème siècle, Oscard Wilde était assurément un excentrique.
Pour le Larousse est excentrique ce qui est « situé loin du centre, excentré », « qui est en opposition avec les usages reçus ; bizarre, extravagant ».
Pour Michel Braudeau, auteur du livre Six Excentriques (1), l’excentrique se définit « comme un personnage qui sait où il va, qui connaît parfaitement les bornes à ne pas dépasser et n’est pas un aliéné. Un être drôle, courageux, persévérant, il a des qualités nobles » (2).
(1) Braudeau Michel, Six Excentriques, Paris, Gallimard, 2003.
(2) France-Culture, Emission Tout Arrive, 19 mars 2003